À mesure qu’il atteint de nouveaux sommets, les prédictions ne manquent pas pour que le bitcoin atteigne 100 000 dollars ou plus.
Souvent, ces prévisions ne sont pas fondées sur autre chose que des extrapolations de personnes ayant des intérêts particuliers : le prix a beaucoup augmenté, il va donc continuer à augmenter. S’il dépasse son précédent sommet, il doit continuer à monter.
Il y a aussi les « graphiques » ou l' »analyse technique« , qui consistent à observer des graphiques et à y déceler des tendances. Il peut y avoir des termes fantaisistes tels que « niveaux de résistance » et « Tenkan-Sen« . On parle aussi de « fondamentaux« . Le bitcoin a-t-il une valeur fondamentale ?
Calcul des valeurs fondamentales
En langage financier traditionnel, une valeur fondamentale est une valeur basée sur le rendement généré par un actif.
Dans le cas des actions d’une société, la valeur fondamentale est le dividende versé à partir des bénéfices. Une mesure standard utilisée par les investisseurs est le ratio cours/bénéfice. Dans le cas d’un bien immobilier, la valeur fondamentale reflète le loyer que l’investisseur gagne. Pour une obligation, la valeur dépend des intérêts qu’elle rapporte.
L’or a également une valeur fondamentale, basée sur son utilisation pour les bijoux ou l’électronique. Mais cette valeur n’est pas la raison pour laquelle la plupart des gens achètent de l’or.
Les fondamentaux des crypto-monnaies
Les monnaies nationales sont différentes. Leur valeur réside dans le fait qu’elles constituent une unité d’échange fiable et acceptée.
Dans le passé, les pièces fabriquées avec de l’or et de l’argent avaient une valeur fondamentale car elles pouvaient être fondues pour leur métal précieux. Ce n’est plus le cas des monnaies fiduciaires, dont la valeur dépend uniquement de la confiance des gens dans le fait que les autres les acceptent à leur valeur nominale.
La plupart des crypto-monnaies, comme le bitcoin, l’ethereum ou Solana, sont essentiellement des monnaies fiduciaires privées. Elles n’ont pas d’actifs ou de rendements correspondants. Il est donc difficile de déterminer une valeur fondamentale.
En septembre, des analystes de la Standard Chartered Bank britannique ont soutenu que le bitcoin pourrait culminer à environ 100 000 dollars d’ici la fin de 2021. « En tant que moyen d’échange, le bitcoin pourrait devenir la principale méthode de paiement de pair à pair pour les personnes non bancarisées dans un futur monde sans argent liquide« , a déclaré le chef de l’équipe de recherche sur les crypto-monnaies de la banque, Geoffrey Kendrick.
En théorie, cela pourrait être possible. On estime que 1,7 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services bancaires. Mais depuis son invention en 2008, le bitcoin a été présenté comme l’avenir des paiements.
Il existe au moins deux obstacles importants. Le premier est la puissance de calcul nécessaire pour traiter les paiements. La technologie peut y remédier. Le deuxième obstacle est plus difficile à surmonter : la volatilité de son prix.
Les monnaies numériques qui peuvent maintenir une valeur stable ont plus de chances de devenir des instruments de paiement. Il s’agit notamment des monnaies stables existantes, du Diem évoqué par Meta et des monnaies numériques des banques centrales, déjà opérationnelles dans certaines économies des Caraïbes ou en Chine.
Jusqu’à présent, la seule entreprise importante à avoir accepté les paiements en bitcoins est Tesla, qui a annoncé cette politique en mars pour ensuite faire marche arrière en mai.
Le seul pays à avoir adopté le bitcoin comme monnaie officielle est le Salvador (qui utilise également le dollar américain). Mais les avantages qui en découlent sont loin d’être clairs. Les lois obligeant les entreprises à accepter la crypto-monnaie ont également suscité des protestations.
Le bitcoin comme or numérique
Si le bitcoin n’a aucune valeur réelle en tant que moyen de paiement généralisé, qu’en est-il en tant que réserve de valeur, comme l’or numérique ? Le bitcoin présente cet avantage par rapport à la plupart des « altcoins« . Son offre, comme l’or, est (sans doute) limitée.
Un outil utilisé par les amateurs de crypto-monnaies pour comparer la rareté du bitcoin à celle de l’or est appelé le modèle « stock-to-flow« . Selon cette approche, l’or conserve sa valeur parce que le stock d’or existant est 60 fois supérieur à la quantité de nouvel or extrait chaque année. Le stock de bitcoins est plus de 50 fois supérieur à la quantité de nouvelles pièces « extraites » chaque année.
Mais cela n’explique pas pourquoi le prix du bitcoin a été divisé par deux au début de cette année avant de remonter et battre un nouveau record de prix. Elle n’a pas non plus de base théorique en économie : les prix ne dépendent pas seulement de l’offre.
Certains promoteurs du bitcoin prédisent une hausse des prix en partant du principe que les gestionnaires de fonds finiront par investir une proportion arbitraire, disons 5 %, de leurs fonds dans le bitcoin.
Mais de telles prédictions supposent implicitement que le bitcoin, en tant que crypto-monnaie la plus importante et la plus connue, continuera à maintenir sa position dominante sur le marché des crypto-monnaies. Cela n’est pas garanti. Et il n’y a pas de limite au nombre d’alternatives aux crypto-monnaies.
Et c’est reparti
En septembre, The Economist a affirmé que le bitcoin « est désormais une distraction » pour l’avenir de la finance décentralisée, la crypto-monnaie blockchain rivale Ethereum « atteignant une masse critique« .
Il existe des parallèles entre la bulle du bitcoin et la bulle Internet de 2000, alimentée par des hypothèses trop optimistes sur les nouvelles technologies.
De même que quelques stars, comme Amazon, ont émergé des décombres de la bulle Internet, il est possible que certaines applications de la technologie blockchain sous-jacente au bitcoin aient une utilité durable.
