Le rachat de crédit tend à devenir un recours de plus en plus fréquent pour les consommateurs endettés. La généralisation du crédit va de paire avec une moindre hésitation à échelonner le paiement de biens de consommation courante, par opposition aux achats substantiels auquel le crédit s’est longtemps limité.
Le crédit est perçu par les consommateurs comme un confort, malgré le danger que peut représenter le fait de grever une part trop importante de leur budget mensuel. Cette évolution, largement suscitée par l’environnement commercial et marchand dans lequel baigne une part croissante de la population, conduit les ménages à contracter plusieurs prêts à la fois. Dans ce contexte, le rachat de prêt peut devenir l’ultime recours.
Le principe du rachat de prêt est simple: il s’agit de regrouper plusieurs dettes contractées pour des besoins différents en une seule dette détenue par un établissement bancaire unique, qui, de son côté, aura pris soin de désintéresser les autres créanciers au terme d’une négociation dont l’emprunteur n’est pas partie prenante. L’objectif chiffré du rachat de prêt est de faire descendre le taux d’endettement du ménage sous les 33%, ce qui nécessite souvent d’allonger la durée des remboursements mensuels.
Le foyer bénéficiaire du rachat voit ses traites se réduire sensiblement, jusqu’à 60%, ce qui permet la plupart du temps de retrouver un équilibre budgétaire, voire d’épargner. Le plus souvent, l’opération est possible sans qu’il soit nécessaire de changer de banque. Le rachat de prêt peut concerner les personnes physiques ou les sociétés civiles immobilières. Son principe est discuté dans la mesure où, s’appliquant à des personnes qui ont tendance à s’endetter au delà du raisonnable, on peut craindre qu’elles ne basculent à nouveau dans le cercle vicieux de l’endettement. De ce point de vue, le rachat de prêt s’apparente quelque peu à une dernière chance, qui, si elle n’est pas saisie, peut faire basculer le bénéficiaire dans la spirale fatale du surendettement.
Ce danger ne tient pas uniquement à la personnalité des personnes surendettées. L’irruption d’une multiplicité de formes de facilités de paiement destinées à relancer la consommation constitue une incitation forte à ne plus payer comptant. En pratique, le contrôle du poids réel des crédits additionnés par l’emprunteur n’est ni possible ni réellement un objectif du législateur, malgré une opposition de principe, et encore moins une préoccupation des organismes prêteurs. Pour ne rien arranger, les grandes surfaces, les grands magasins, et un nombre croissant de commerçants, y compris en ligne, proposent diverses formules de facilité de paiement ou de crédit, qui s’ajoutent aux emprunts contractés auprès des établissements de crédit proprement dits.
L’actualité bancaire internationale de ces 3 dernières années a permis d’amorcer une réflexion sur le rôle du crédit dans la structuration du système bancaire. Au delà des prêts aux particuliers et aux entreprises, c’est le principe du crédit sous la forme de la monnaie fiduciaire et du système de réserve fractionné qui se trouve remis en question, car le surendettement des ménages fait écho à la spirale des dettes sous lesquelles croulent tous les pays développés, et pour le paiement desquelles la seule solution utilisée aujourd’hui consiste à créer de nouvelles dettes. Ce parallèle saisissant met en relief le rôle des banques dans le surendettement, qui, plus qu’un vice imputable aux acteurs du système économique, semble constituer un vice fondamental du système bancaire lui-même.